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UN DERNIER MOT SUR LA BATAILLE DE BRIGNAIS 203 fraction des Grandes Compagnies, qui ravageaient alors la France, s'empara par surprise du château de Brignais. La ville de Lyon se trouvait ainsi sérieusement menacée ; le roi de France envoya à son secours Jacques de Bourbon à la tête d'une belle armée forte de 12,000 hommes qui, dès son arrivée, chercha à reprendre Brignais avant que de nombreuses bandes dispersées dans les provinces voisines vinssent au secours de ses défenseurs. Malheureusement le siège traîna en longeur et ces dernières eurent le temps d'accourir et de se concentrer sur les derrières de l'armée royale. Suivant Froissart, les Tard-Venus se retranchèrent sur un tertre qui commande la plaine, cachant en arrière dans un repli de terrain leurs troupes les mieux armées. Soli- dement retranchés dans leur position de choix, les hardis aventuriers repoussèrent victorieusement à coup de flèches et de pierres les attaques furieuses de la cavalerie française, qui fut culbutée sur l'infanterie dans une horrible confusion. A ce moment, les troupes fraîches, cachées derrière le tertre, prirent en flanc l'armée royale et en achevèrent la destruc- tion. Personne ne put échapper. De même que Denys Sauvage, l'éditeur de Froissart au xvie siècle, j'ai cru .reconnaître dans le petit tertre boisé appelé le bois Goyet et dans les hauteurs qui l'avoisinent, les Balmes de Montrond (voir la carte ci-jointe), le lieu où la bataille a été livrée. Je pensais en avoir donné la démons- tration décisive quand l'auteur de la Nouvelle Histoire de Lyon, t. II, p. 549-552, est venu soutenir une opinion diamétralement opposée, en plaçant le champ de bataille à l'autre extrémité de la plaine. Je vais chercher à prouver qu'une telle opinion ne saurait être soutenue. En 1859, P. Allut a été le premier à émettre des doutes