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204 UN DERNIER MOT sur la valeur du récit de Froissart, que je me suis appliqué à défendre, au contraire, bien des années après lui. Il n'admet pas que, sur un espace aussi restreint que le petit bois de chênes,- les Routiers aient pu repousser ainsi l'attaque d'une grande armée. Pour lui, Denys Sauvage, le commentateur de Froissart, ayant trouvé une région dont la topographie s'adaptait bien aux descriptions du grand chroniqueur, n'a pas hésité à considérer comme une certitude ce qui n'était qu'une hypothèse. Toutefois, en présence des traditions locales dont parle déjà le savant du xvi" siècle, et qui sont demeurées enracinées dans l'esprit des habitants, P. Allut pense que la bataille, ou plutôt la surprise de nuit qu'il admet, eut lieu dans la plaine des Aiguiers, et que c'est au niveau de la ferme des Saignes, que le combat se ter- mina par l'anéantissement complet de l'armée de Jacques de Bourbon. A cette place seulement ont été retrouvés, au siècle dernier, des fers de lances et des débris d'armures. Les traditions populaires sont unanimes à placer sur ces deux points, ainsi qu'au bas des Balmes de Montrond, le théâtre de la lutte. Le point le plus excentrique qui ait été signalé par les habitants est le Bonnet, où un chef aurait été tué,probablement dans la poursuite, mais, on ne mentionne pas de véritable combat sur ce point. -J'ai parlé, plus haut, de la ferme des Saignes. Certes ce nom propre ne saurait dériver de l'étymologie latine a sanguine, comme l'ont soutenu quelques-uns, mais la persistance avec laquelle les habitants désignent ce lieu comme ayant été le théâtre de la lutte a bien sa valeur comme tradition. M. Chambeyron, curé de Brignais, qui, à ma demande, a bien voulu étudier ces traditions, m'écri- vait, il y a peu de temps, avoir entendu dire, par un habi-