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A Monsieur le Lieutenant criminel de Lyon, Supplie humblement Jean Arnaud, l'un des acteurs de l'Académie royalle -de musique établie en cette ville. Et vous remontre, en se plaignant, que le jour d'hier sur les sept heures du soir, et sur la fin de la représentation de l'opéra, étant sur la porte de sa loge qui est derrière le théâtre et parlant à la damlle Bonival, la femme du sieur Pellettier, un des danseurs dudit opéra, vint à passer au devant de ladite loge, où s'étant arrêtée, le suppliant lui ayant dit qu'elle avait un beau bouquet, comme en efîect elle en avait un assez beau, et, l'ayant voulu remarquer de plus près avec beaucoup d'honnesteté, elle luy donna du coude au visage, et luy dit touttes sortes d'injures, en le traittant de gueux, de malheureux, de laquais, et qu'elle luy feroit donner cent coups de bâton. A quoy le suppliant ne répondit point et se renferma dans sa loge ; ledit suppliant qui croyait être quitte d'une querelle si injuste a été bien surpris lorsque le jour d'hier, sur les sept heures du soir environ, sur la fin de la comédie, étant dans le parterre, ledit Pellettier l'ayant aperçu de dessus le théâtre où il étoit avec sa femme, et le sieur Michel, accompagnateur du clavessin, sont descendus et ledit Pellettier seul l'est venu attaquer de parolles injurieuses dans ledit parterre, luy a dit ensuitte qu'il vouloit lui dire un mot à part, Ta tiré hors du parterre, proche de l'entrée où il l'a traité de gueux, de