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I78 LES THURNEYSEN gravées à la fois à une taille et à tailles croisées et les estampes gravées à tailles croisées ou à contre- tailles. Il nous a paru sans intérêt de les classer de la sorte. Thurneysen a eu en outre, quant au procédé, plu- sieurs manières pour lesquelles il s'est montré indépen- dant. Dans les premiers temps, il mordait faiblement le cuivre avec son burin, et, l'encrage et le tirage aidant, les épreuves ont une teinte assez pâle, en quelque sorte blonde, qui donne à l'estampe de la douceur ou plutôt de la mollesse. L'Annonciation, la Sainte Famille de 1660, les planches de l'histoire de Tesauro, le frontispice de l'histoire de la maison de Savoie, les vignettes des Emblèmes, ont été traités de la même façon. L'exécution des portraits est autre. Thurneysen les a gravés à tailles croisées avec plus de fermeté, en y mettant plus de coloris et plus d'accent, mais il a été inégal. L'abbé Scoto, le Garon de Bourg-en-Bresse et le Claude Pellot. diffèrent autant du François Du Gué et du Charles-Emmanuel II que ceux-ci du Camille de Neuf-ville et du prieur de Nanlua. La différence est encore plus grande avec les portraits faits de i68r à 1684, comme avec ceux gravés à Bà le. L'inégalité n'est pas moindre à ne considérer que l'oeuvre bâlois : il suffit de comparer les portraits des professeurs et des pasteurs de l'église de Bâle avec la composition qui orne la thèse de J.-M. de Vorster, faite en 1693, où l'on observe tant de facilité et de hardiesse. En somme, on peut juger le mieux de l'habileté de notre graveur par les portraits exécutés de 1668 à 1679.