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LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE 481 étudier bien à la légère faute de temps. Ainsi, nous avons un fort beau travail à faire sur les quatre grands sermon- naires français, Bossuet, Bourdaloue, Massillon, Fénelon. N'est-ce pas de la dernière imprudence d'étudier ces quatre grands hommes en quinze jours ? Comment va ta chère santé, mon ami? Comment vont tes yeux? Je voudrais qu'à chaque lettre tu me tinsses un journal fidèle de tout cela, c'est le meilleur moyen d'entrer en matière, car c'est le plus intéressant. Ainsi, dans les journaux on commence par le premier'Paris, c'est-à -dire par un exposé de l'état du pays. Après cet article qui est essentiel, viennent les feuil- letons, les récits, les curiosités. Si tu veux que je te donne l'exemple, je te dirai que je suis un peu échauffé, mais que je me porte bien du reste, et que-je pioche ferme. Chez moi, le travail est la cause de la santé du corps et de celle de l'âme, en même temps il en est l'effet immédiat, car plus je suis sain de corps et d'esprit, mieux je travaille. C'est ainsi dans toutes les choses de l'âme, où tous les effets sont à leur tour des causes, et toutes les causes des effets, c'est même ainsi dans les choses du corpï; on court bien parce qu'on a de, bonnes jambes, et en courant on se fortifie les jambes. J'attends la lettre que M. Maupetit doit m'apporter, je voudrais que mon père ne m'envoyât pas un seul paquet sans qu'il y eût une lettre de toi. Ce ne serait pas trop, et je suis sûr que si tu voulais mettre à profit tes moments perdus, tu parviendrais à me donner ce plaisir. Les jour- naux disent aujourd'hui que les eaux recommencent à croître. Voire épreuve ne serait-elle pas finie ? La Seine croît aussi, mais quel bon petit fleuve à côté de notre ter- rible Rhône ! Adieu, mon cher ami, je suis aujourd'hui accablé de besogne, il faut que je prépare en moins d'une heure toute