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                LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE                  73

Dans ce cas, il faudrait songer avec eux au moyen de
trouver une autre place. Si, au contraire, tout en n'étant
pas très contents, ils t'engagent à rester dans cette maison
et préfèrent un excellent avenir à un présent médiocre, ce
qui, je crois, est le meilleur parti, tu dois être en paix
avec toi-même et attendre sans t'inquiéter. Ensuite, parce
que nous ne pouvons pas être toujours tout ce que nous
voudrions, si tes inquiétudes te reviennent, au lieu de t'y
abandonner, rappelle bien à ton esprit qu'il n'y a rien là
de ta faute, que c'est l'intention de tes parents, que c'esf
le meilleur parti à prendre et tu te remettras à travailler
courageusement à ton commerce, en attendant le jour où.
tu pourras nourrir à ton tour ceux qui t'ont nourri si long-
temps. J'espère bien en partager l'honneur avec toi.
   Mon cher ami, je te dis tout cela à cause de la vive
 amitié que j'ai pour toi et de la part que je prends à tout
ce qui te concerne. En général, tu me parais avoir quelque
disposition à t'inquiéter facilement, et, cela, lorsque tu as
très peu de raison de le faire. Pour ma part, je crois que
la plus grande condition du bonheur, et non seulement du
bonheur, mais delà vertu, c'est de se tenir dans la plus grande
paix avec soi-même, avec les autres et avec Dieu ; de se
 demander souvent dans quel état l'on est sous ces trois
rapports, et de chercher aussitôt à réparer ce que cet état
pourrait avoir de défectueux. Cette paix avec les autres se
subdivise en plusieurs chefs, car, les autres, ce sont d'abord
nos parents, puis nos supérieurs, puis nos amis, puis les
personnes avec lesquelles nous devons vivre par état, etc.;
et, enfin, lorsque rrous sommes tranquilles sur tous ces
points, ne pas trop nous inquiéter du reste. Ainsi, tu me
parais t'inquiéter beaucoup de ce que tu n'as guère le
temps de t'occuper d'études littéraires. Mais, mon ami, il