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260 NOTICE BIOGRAPHIQUE à défaut d'enfants, nous avons un céleste ami que nous visitons tous les matins, et qui nous paie cette visite en calme et en joie pour toute la journée. » Cette foi si vive, cette piété si tendre, s'accroissaient encore à mesure que se rapprochait le terme de cette belle vie. Plus de deux ans avant sa mort, il prévoyait que le moment n'était pas éloigné où il faudrait dire adieu aux affections terrestres. Il se préparait paisiblement à ce pas- sage qu'il ne redoutait pas, son inébranlable foi lui donnant la certitude de l'au-delà . Il se levait de bonne heure et communiait plusieurs fois par semaine. Pendant le dernier été qu'il passa à Lorgues, plusieurs personnes avaient remarqué je ne sais quelle expression céleste sur son visage, quand il revenait de la sainte table, et disaient entre elles : « M. Hignard se prépare à la mort. » En arrivant à Cannes, il alla voir un P. Jésuite, son confesseur, et lui dit : « Mon père, c'est ma dernière saison. » Le 2 décembre 1893, il se mit au lit. La maladie s'ag- grava rapidement et ne laissa bientôt plus d'espoir. Il conserva jusqu'à la fin la lucidité de son esprit; mais le côté droit de son corps devint, sinon tout à fait inerte, au moins très engourdi et à demi paralysé. La parole était très difficile, souvent inintelligible ; mais, calme dans sa foi et dans la pensée de sa tâche accomplie, le sourire sur les lèvres, il faisait joyeusement à Dieu le sacrifice de sa vie. Au milieu de ses souffrances, il était patient, même gai, oublieux de lui-même jusqu'à la dernière minute d'une existence toute occupée du bonheur des autres. Une suprême consolation lui était réservée. Le 15 décembre au soir, un de ses plus chers élèves allait lui apporter les adieux de ce lycée de Lyon qu'il avait tant aimé. M. l'abbé Joseph Lémann avait été appelé à Cannes