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SUR HENRI HIGNARD 26I au lit de mort d'une jeune religieuse de l'Assomption, M"e de Fénelon. Il apprit tout à coup que son ancien maître était à ses derniers moments. Il accourt : Mme Hignard s'empresse de faire pour lui une exception aux rigoureuses prescriptions du médecin et l'introduit. « Mon cher et vénéré maître, lui dit-il, quand nous étions au lycée, mon frère et moi, vous nous avez le premier inspiré, par les sentiments que vous manifestiez pour la religion catholique, un sympathique respect et le désir de la mieux connaître. Je viens vous bénir aujourd'hui, au nom de mon frère et au mien, au nom de tous vos anciens élèves, pour tout le bien que vous nous avez fait. Le bon Dieu va vous récompenser, vous donner une belle cou- ronne. » M. Hignard, qui ne pouvait pas parler, s'assit sur son lit, entoura de ses bras M. l'abbé Lémann et l'embrassa deux fois avec effusion. Le soir, il reprit un instant la parole et dit à JVlmc Hignard : « Oh ! que la visite de l'abbé Lémann m'a fait du bien ! » Le prêtre, en le quittant, raconta à la jeune mourante qu'il avait pu, grâce à elle, donner une suprême bénédic- tion à son ancien maître. Celle-ci, qui avait connu M. Hignard, en éprouva une joie qu'elle qualifiait de bonheur du ciel, et le lendemain elle rendait à Dieu son âme angélique, devançant d'un jour celui qui avait eu une de ses dernières pensées. Le jour suivant, en effet, 17 décembre, Henri Hignard rendait le dernier soupir. Ses funérailles, où l'on remar- quait de superbes couronnes envoyées par la Banque popu- laire et la Société scientifique et littéraire de Cannes, furent célébrées, au milieu d'un concours nombreux d'amis, d'abord à Cannes, le 18, puis à Lorgues. C'est là que son corps repose auprès de cette famille de Rasque de