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                     SUR HENRI HIGNARD                      241

raconter les événements du passé, l'histoire veut ressusciter
les sociétés disparues. La littérature nous les fait comprendre,
nous aide à pénétrer dans leur vie. En se mettant au service
de cette ardeur historique de notre siècle, l'étude des litté-
ratures en a profité et certaines œuvres de l'antiquité
classique, lues à la lumière de l'histoire, ont été mieux
comprises et ont pris, pour ainsi dire, une physionomie
nouvelle.
   Cette analyse était nécessaire pour faire comprendre
dans quel esprit élevé et large M. Hignara abordait son
enseignement. Il traita parallèlement deux sujets cette
année-là. Dans l'un de ses cours, il traça à grands traits le
tableau de la littérature grecque, s'arrêtant de préférence
aux auteurs du programme de la licence es lettres. Dans
l'autre, il s'occupa de Lucrèce, développant devant son
auditoire certaines parties de sa thèse latine, et y ajoutant
des détails biographiques qu'elle ne comportait pas et une
analyse détaillée du poème de la Nature. Toujours préoc-
cupé de donner à son enseignement un but élevé, il mon-
trait que l'étude de Lucrèce est morale au fond, malgré son
matérialisme et sa doctrine désolante. On sent que cette
doctrine ne comble pas le vide de son cœur. Ce tourment
de l'infini et de l'idéal arrache au trouble secret de sa cons-
cience des accents de protestation éloquente, qui font
penser à Y Espoir en Dieu d'Alfred de Musset.
   Rattachons à ces études, sans y insister davantage, un
intéressant article de M. Hignard sur Lucrèce, dans le Cor-
respondant du 25 juillet 1869.
   Il devait aussi faire profiter ses auditeurs de la Faculté
de l'étude approfondie qu'il avait faite des poèmes homé-
riques. Ce fut le sujet de son cours en 1865-1866. Il
montra dans Homère l'historien des temps héroïques de la