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                  DE GABRIEL DE SACONAY                   45

 Christianisme a esté planté en ce Royaume, il y a des ans
 plus de mille soixante.
    Nostre Roy donc est très chrestien et très catholique qui
 ne désire rien plus (et a bien grand raison) sinon que ses
 subietz le soient comme luy, il se réjouyt quant il les
 cognoit de ceste volunté, il chérit et caresse ceux qui lui
 demandent ayde et secours pour cest effaict et il escoute
 de tant bon cœur les remonstrances et requestes tendantes
.à ceste fin, leur preste si libéralement (comme la nécessité
 du temps luy peult permectre) toute aide et faveur, entend
 si ennuyeusement que ses fidèles subiectz soient séduictz
 et imbuz de ces nouveautés hérétiques. Porte outre son
 gré que ceux de sa Religion soient vexés par les sectaires.
   Parquoy si quelques lettres avoient estes de sa Maiesté
extorquées pour permectre ceste abomination en votre dite
ville vous pouvés estre certains que ce a esté par surprinse
et faulx donné à entendre et portant révocable pour n'avoir
les parties esté ouyes.
   Que reste-t-il plus (aiant cause si juste et prince tant
favorable), sinon que preniés vostre adresse à sa Maiesté
pour estre délivrés de mal si pernitieux et lequel vous
menasse de perte de biens et de vie temporelle et éternelle ?
Seroit-il dit que la liberté chrestienne conquise et remise
en vostre ville par vos femmes fust perdue par vostre négli-
gence ? que la Religion divine restablie par icelle fust par
vostre paresse anéantie ? que l'hérésie deschassée par icelle
fut de vostre consentement introduicte ? que le cueur
féminin se démonstra plus ardant et affectionné es choses
divines et temporelles es affaires comunes et administration
et polices des Républiques, que ceux ausquelz la principale
charge en est commise.
   Plustot que telle pusilamité ne vous advint, retirés vous,