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DE GABRIEL DE SACONAY 43 gens de pied qui le suivoient, depesché par le Consistoire des réformez establiz dans Lyon (pour le renfort de lad. ville qui leur importait), pour tenir cinq ou six lieues de pais par la faveur d'icelle en leur subiection et pour empescher que le secours d'Auvergne et Foretz n'entra par ces quar- tiers au Lyonnois. Doncques trouvant ce capitaine les portes de la ville fermées, demanda Chasteluz, son compai- gnon, luy fust répondu par les femmes (qui estoient de garde) qu'il s'étoit retiré et avoit quitté la place en laquelle il n'avoit pas raison et devoir aucun commandement, qu'elles n'avoient aussi besoing de son ayde pour garder lad. ville, les somma led. capitaine luy ouvrir les portes, estant envoyé de la part de l'Eglise réformée de Lyon, pour tenir en bonne et seure.garde lad. place auquel elles feirent responce (après plusieurs répliques) qu'il n'y entre- roit poinct et que le cœur leur bastoit de la bien garder sans luy, et si luy et sa troupe ne s'esloignoient de leur veue, qu'elles leur en donneroient l'occaon par salues autres que celles accoustumées aux femmes et de faict s'en mirent en devoir faisant dresser et affuster l'artillerie à quelques uns de leurs hommes qui leur estoient restez, qui fust cause que ces braves soldatz intimidés avec leur honte se retirèrent. Ainsi par ces femmes victorieuses la bonté divine donna commencement à deschasser ceste Evangile pernitieuse du païs de Lyonnois par la consqueste de lad. ville, car à l'instant, entra aud. païs l'armée catholique et Royale qui s'en rendit maistresse et jusques près des portes de Lyon, et depuis a tousiours esté led. païs soubz l'obéissance de sa Maiesté, et sans qu'une seule parroisse d'iceluy ait volu permettre ny recevoir aucune de ces odieuses nouveautés hérétiques.