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DE « PAUCA PAUCIS » 481 du vers. M. Tobler (23) en a trouvé dans des poèmes du Moyen Age intitulés la Vie de saint Auban et le Poème de Vénus logiquement césures à 4 + 4 + 6. M. Tisseur juge le vers de quatorze syllabes césure de la sorte, très harmo- nieux, très solennel, très apte à exprimer des sujets grecs. « La rime féminine qui, prolongeant la mesure fait mourir le vers avec lenteur », lui semble faite pour ce rythme spécial (24). Qu'on en juge : Le souvenir, | comme un serpent, | mordit le cœur d'Hélène, Couvrant son corps | immaculé | de blancs voiles de laine, | L'enfant de Zeus | et de Léda, | redoutable, fatale, D'un pas serein | abandonna la chambre nuptiale. A ses côtés marchaient iEthra, la fille de Pitthée, Avec Klymène, aux yeux couleur de la vague agitée. Telle passait, grave la femme entre toutes haïe. Kypris sourit. — Hélène atteint la porte de Skaïe. Sur le rempart, les grands héros, que l'âge lourd accable, Formés en cercle, étaient assis près du roi vénérable : Hiketaôn, chéri d'Ares, et Lampos et Thymète Et Klytios, puis Anténor, l'excellent agorète. Ils discouraient. Tel à midi, sur les oliviers pâles, Sonne le choeur harmonieux des paisibles cigales. Elle monta. Quand les vieillards contemplèrent la reine, Un sang plus vif, plus généreux, afflua dans leurs veines, Tandis qu'au loin retentissait le fracas des mêlées, A voix couverte ils échangeaient ces paroles ailées : « Père divin! C'est à bon droit que le fier Dardanide, « Issu de Zeus, et PAchéen, à la belle cnémide, « Ont enduré de si grand maux pour une telle femme ! » O lâcheté ! Vieillards, que n'immoliez-vous l'infâme ! (23) Cf. Son remarquable opuscule du Vers français ancien et moderne. Paris. Vieweg. (24) Cf. Mode,stes observations sur l'art de versifier, p. 153 et 134.