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DE « PAUCA PAUCIS » 479
Le chevreau, qui dans les thyms bondit gracieux;
Et les pois, et l'oseille avivante, et les ceufs,N
Et le lait dormant en flots épais dans l'argile;
Les caillés, au frais baisers pareils, mets de rois.
Nous pourtant, paisibles et lassés, ô Sosyle,
N'allons plus près des ruisseaux chanteurs, dans les bois,
Adorer le glorieux Printemps ! Son pied rose
Vainement sur le Cythore obscur se repose;
Vainement Cypris met-elle au cœur les émois :
Cependant qu'au sein bleu de la Nuit le jour tombe,
Nous songeons qu'il n'est pas de printemps pour la tombe.
Je n'ai pas à insister sur l'élégance de cette esquisse.
M. Tisseur fait remarquer (21) que ce rythme a de la
cadence, une allure vive, sautillante, contrastant fort avec
le 4 -f- 4 -f- 4 ; mais que sa construction ôte le coulant et la
simplicité qui conviennent aux vers ; de plus, ce rythme
est fait plutôt pour être lu que pour être ouï, grave défaut.
Ajoutez que la place, toujours la même, imposée aux
césures, nécessite de nombreux enjambements; en même
temps elle empêche de terminer la phrase avec le vers
« sans une chute brusque, à cause des trois dernières
syllabes qui forment une cadence interrompue. » Ce qui
disloque le vers.
e) Le décatrisyllabe (vers de treize pieds).
Le décatrisyllabe (22) est un mètre inharmonique; c'est
un vers pour être chanté et non lu. On le trouve au Moyen
Age, « mais toujours dans les chansons, comme tous les
rythmes à nombre impairs de syllabes. » A cette époque
(21) Cf. Modestes observations, p. 89 et :
(22) Cf. Modestes observations, p. 129.