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256 GUY DE CHAULIAC troupes les moins bien armées et dissimulé soigneusement en arrière leurs meilleurs soldats. La chevalerie française entreprit témérairement l'assaut de ces retranchements et fut repoussée par deux fois avec des pertes considérables. Des points élevés qu'ils occupaient, les Routiers faisaient pleuvoir sur elle une grêle de pierres et de cailloux qui, effondrant les bassinets, blessaient et tuaient les assail- lants. A ce moment critique la seconde moitié de leur armée,'qui s'était dérobée jusqu'alors après avoir contourné la colline, apparut tout à coup sur la droite de l'armée fran- çaise que cette attaque de flanc très énergiquement conduite acheva de mettre en déroute. M. Allut trouve ce récit peu conforme à la disposition des lieux et au caractère des belligérants. Le comte de la Marche, dit-il, rompu aux difficultés de la guerre, l'Archi- prêtre de Cervolles, parfaitement au courant des ruses des Tard-Venus,ses anciens compagnons d'armes,ne se seraient pas jetés imprudemment dans une pareille aventure. Il préfère donc le récit de Villani qui soutient que le prince français, général en chef de l'armée royale, ne fit pas assez de cas de ces brigands et ne se tint pas suffisam- ment sur ses gardes. Pendant qu'il cherchait à reprendre Brignais, un chef de bandes, le petit Meschin, qui com- mandait plusieurs compagnies, surtout composées d'Ita- liens et s'était éloigné de quelques journées pour aller piller le Forez revint en toute hâte et attaqua de nuit l'armée française qui, surprise en plein sommeil, fut pour ainsi dire anéantie (8). (8) Telle est aussi l'opinion de T. de Loray, qui bien certainement ne s'est pas rendu compte par lui-même de la configuration des lieux. Les Grandes Compagnies et VArchiprêtrc en Bourgogne, 1360-1366 in