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                 ET LA BATAILLE DE BRIGNAIS                     257

   M. Allut rejette ainsi complètement le récit de Froissart :
il n'admet ni la bataille dans la plaine, ni les divers assauts
exécutés contre la colline. Il pense qu'après avoir occupé
les hauteurs des Barolles, dont nous parlerons plus loin,
les Tard-Venus attaquèrent pendant la nuit le camp
ennemi, qu'ils criblèrent d'une grêle de pierres pour
augmenter la confusion.
   Il nous est impossible de partager l'opinion de M. Allut
sur ces divers points d'histoire et de topographie. Nous
ferons remarquer que Froissart, toujours si partial vis-à-vis
des princes et des grands seigneurs, reconnaît qu'à Brignais
ils ont fait preuve de la même imprudence que dans les
précédentes batailles. Il nous 'montre l'Archiprêtre de Cer-
volles, conjurant le duc de Bourbon de ne pas attaquer
les Routiers dans des positions aussi fortes, et ce dernier
ne tenant aucun compte de ses avis. On n'a envoyé qu'un
petit nombre d'éclaireurs qui n'ont point fouillé les bois ni
contourné les collines. Comme un paladin de l'époque des
croisades, le général en chef profite de l'occasion pour
armer de nouveaux chevaliers et les Routiers du haut de
leurs retranchements assistent impassibles à cette céré-
monie bizarre et surrannée. Le savant biographe d'Arnaud
de Cervolles, M. Cherest, ne peut s'empêcher d'insister sur
l'extrême ressemblance entre cette bataille et celle de Poi-


Revue des Questions Historiques, tome XXIX, p. 272. Siméon Luce,
t. VI de son Froissart, sommaire du premier livre, pp. 25, 26 et 27,
pense que les Compagnies dissimulèrent le gros de leurs forces derrière
les hautes collines des Barolles et ne firent montre que de cinq à six
mille hommes postés sur un mamelon appuyé à ces collines et surplom-
bant le chemin que suivaient les Français. Il y a là une confusion que
nous aurons à relever plus loin.