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ET LES BÉNÉDICTINS 19 vigilance la voit envahie par une troupe de sept démons, pires que les premiers qui l'avaient occupée. La critique malicieuse se serait donc exercée dès le début et elle se proposait de surveiller jusqu'à la fin la doctrine annoncée. Mais quel était l'auditoire auquel s'adressaient ces leçons suspectes de relâchement et recueillies avec une feinte com- plaisance par un admirateur des austères partisans de saint Augustin et de la grâce toute-puissante ? Pour le déterminer il nous faudrait pouvoir choisir entre toutes les stations fournies par le Père Ménestrier. Elles ont été plus nom- breuses qu'on le soupçonnerait d'un écrivain si fécond et si varié. Il n'a pas en effet prêché moins de seize avents et .de vingt carêmes; il se rencontre donc peu de carrières oratoires plus longues et plus belles que la sienne. Et puisque l'injustice de la censure provoque une réparation, le meilleur moyen de la réfuter n'est-il pas de se rappeler ce qu'a été ce ministère du religieux rallié, de si mauvaise foi, et dans quels lieux il s'est exercé. Nous compléterons ainsi les biographies d'un Lyonnais dont la mémoire est entourée d'honneur; toutes sont beaucoup trop muettes sur ce sujet. Les Mémoires de Trévoux ne contiennent que quatre ou cinq lignes d'éloge général et M. Allut, si abondant et si précis d'ordinaire, les répète sans rien y ajouter (2). (2) Les Mémoires de Trévoux renferment un éloge du P. Ménestrier, composé peu de temps après sa mort, c'est !à que se sont renseignés tous les biographes postérieurs et en particulier le P. Niceron. Le volume de M. Allut n'est pas seulement un chef-d'œuvre d'impression, la bibliographie des ouvrages de Ménestrier y est traitée avec une par- faite compétence. (Allut : Recherches sur la vie et les œuvres du Père C - F. Ménestrier. Lyon, Scheuring 18^6). Aussi le P. Baecker, dans sa Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, n'a-t-il fait que la reproduire, comme il en avertit.