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380 LES SAVANTS LYONNAIS pour ne rien laisser de superflu aux autres occupations, aux distractions et au sommeil. Aussi les pièces curieuses s'amoncellent et les recueils grossissent démesurément. Nous possédons de cette résidence les Antiquités Bénédic- tines de Clermont, celles de Saint-Flour et celles du Puy; mais nous avons perdu l'histoire de la Chaize-Dieu qui for- mait trois volumes et qui paraît avoir coûté de patientes recherches. Il restait donc peu de coins à fouiller et peu d'importantes découvertes à faire, quand arrivèrent la nomi- nation de sous-prieur à Ambournay et l'ordre immédiat de départ. Une bonne fortune, même appréciable pour les gens les plus familiarisés avec les déplacements, attendait Dom Estiennot dans sa nouvelle demeure, et quoique un moine ne soit jamais un étranger pour ses frères, le nôtre fut heureux de recevoir la bienvenue d'un de ses anciens collègues de Saint-Germain-des-Prés. Cette rencontre fortuite tenait à de bien singulières circonstances, mal éclaircies jusqu'à pré- sent; trouvant l'occasion de jeter sur elles un peu de lumière, nous nous accorderons la satisfaction d'y arrêter nos lecteurs. On ne perd jamais complètement sa peine à poursuivre la vérité jusques dans la discussion des faits les plus médiocres de l'histoire; les Bénédictins nous ont tracé la voie, il est naturel de marcher à leur suite. Dom Robert Guérard, le religieux dont nous voulons parler, avait été exilé par lettre de cachet. On a cherché longtemps à connaître les motifs de cette mesure de rigueur le mystère était demeuré à peu près impénétrable. L'incident cependant avait été très commenté ; Dom Robert était alors associé à Dom Delfau pour l'édition des œuvres de saint Augustin et les deux savants avaient été frappés en même temps, séparés violemment et jetés aux