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IZERNORE 29I « reposés, il leur ordonna de le suivre tous dans la forêt. « Il commanda à chaque homme de prendre un rameau « aussi grand qu'il pourrait porter et de marcher ainsi « pendant la nuit, de manière à se présenter tous dès « l'aube devant l'ennemi, ainsi cachés derrière ce feuillage. « Le lendemain quand Macbeth les vit s'approcher ainsi, « il fut frappé d'abord de ce spectacle nouveau, mais il « comprit que la prophétie se réalisait. Il conduisit avec « découragement ses soldats au combat. A peine les enne- « mis s'élançaient-ils après avoir abaissé leurs rameaux « qu'il s'enfuit en abandonnant son armée. » Ne croirait-on pas relire les Gesta Regum Francorum et suivre encore toutes ses scènes émouvantes, la ruse de Fré- dégonde, les ordres de Landerik dans la forêt, la nuit, les rameaux coupés, l'arrivée au point du jour devant l'ennemi, sa surprise et la fuite de Wintrio ! Non jamais une pareille similitude de temps, de lieux, de combinaisons, de surprises, ne s'est rencontrée, et si Vir- gile trouvait une perle dans le fumier d'Ennius, Shaks- peare (on peut bien le dire) a trouvé dans les récits de Boëce (empruntés par ce dernier à nos anciens chroniqueurs) sa belle tragédie de Macbeth. Cette digression nous a entraînés un peu loin, mais quand on voit sur nos triens d'or ce nom d'Izernore, frappé à côté de celui de Wintrio, on songe à tout ce que rappelle ce nom de Wintrio : ces guerres terribles de Frédégonde et de Brunehault, cette grande bataille de Truccia, dont un des épisodes a donné naissance peut-être à ce chef- d'œuvre de Shakspeare. On se dit que, dans l'intérêt de l'histoire de son pays, de pareils faits ne doivent pas rester inaperçus, alors, même