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DE MUNSTER 63 des navires peints et dorés que le prince d'Orange leur avait envoyés. A Rotterdam, d'Avaux logea dans un beau palais, et Ogier chez une riche famille de négociants catholiques, qui lui firent entendre de la très bonne musique et le menè- rent dans leur confrérie, où se trouvait, dit Ogier, un jésuite très habile homme. Cependant les ambassadeurs, toujours par eau, arrivè- rent à la Haye, le 23 novembre 1643 et, le I er décembre, ils furent reçus par Messieurs les Etats, c'est-à -dire par les députés des Provinces Unies. Ceux-ci se trouvaient assis autour d'une longue table; les ambassadeurs prirent place vis-à -vis d'eux, et, après que les députés eurent entendu lire, tête découverte, la lettre de créance des plénipoten- tiaires, « M. d'Avaux leur parla d'un ton de voix médiocre, mais avec une autorité et une grâce sans pareilles (7). » Le stathouder, Frédéric Henri, était alors malade; il avait la goutte. Son fils Guillaume le remplaça, reçut les ambas- sadeurs et les présenta à sa mère. C'était une comtesse de Solms; elle avait été fille d'honneur de l'électrice palatine Elisabeth, ex-reine de Bohême; et comme cette princesse était alors réfugiée à la Haye, elle se trouvait y avoir pour souveraine son ancienne fille d'honneur, ce qui n'était pas sans exciter sa jalousie. L'ex-reine de Bohême avait auprès d'elle sa fille aînée, qui s'appelait également Elisabeth. Elle est surtout connue sous le nom de princesse Palatine, et ses entretiens avec Descartes lui ont donné une certaine célébrité. Sur son désir, Ogier alla lui rendre visite, et elle vint, déguisée, l'entendre prêcher le quatrième dimanche de l'Avent. Ogier (7) Page 29.