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DIAPRÉS M. CHARLES MAURRAS 13 point d'un tronc différent. « Qu'ils soient loués aussi, » ajouterait M. Tisseur, « d'avoir formé des liens secrets de « mon cœur à celui de mes concitoyens, de sorte que je ne « suis point un étranger dans ma propre ville ; mais Lyon- « nais de race, je le suis encore par l'âme. » Je ne vous cache pas que de tels sentiments me semblent au-dessus de toutes les louanges lorsqu'ils sont vrais et qu'ils résu- ment le courant de toute une vie. « Quel malheur qu'on n'écrive plus avec la méthode et la candeur qu'il y faut, la vie des excellents poètes! Je ne vois rien en France qui ait été tenté en ce sens depuis Guillaume Colletet. Cette famille des Tisseur aurait fait la joie et l'amour d'un Plutarque. « Lyon de Celto-Galatie, eût-il dit, ville illustre et plus « orgueilleuse, car elle dispute à Paris la préséance sur les « autres cités, donna le jour à quatre frères dont la fortune « fut diverse, mais dont l'esprit brilla dès la jeunesse la « plus tendre d'un éclat tempéré, d'une lueur fine et gra- « cieuse qui leur valut de bonne heure l'estime et la « louange de tous ceux qui passaient dans l'enceinte de « leurs remparts. On ne disait point d'eux : les merveilleux « adolescents ! mais bien : quels dignes enfants de Lyon ! « Et, quoique ce rappel de la ville natale nuisît à la diffu- « sion rapide de leur renommée, c'était ainsi qu'ils préfé- « raient être loués des voyageurs, car c'était la piété filiale « qui inspirait toutes leurs pensées. « Ils cultivaient les Belles-Lettres, se montraient curieux « des Beaux-Arts, s'attachaient aux diverses disciplines phi-