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14 L'ÉCOLE LYONNAISE « losophiques, mais tout cela ne leur semblait que des pré- c e textes éloquents à discourir de leur patrie et de leur race. « Peut-être qu'ils ne songeaient point à connaître la vérité « ni à révéler la beauté, mais bien à concevoir et à réaliser « leur œuvre conformément aux traditions de l'âme de « leur ville. En sorte qu'ils étaient Lyonnais par le fait et « par la volonté; et, deux fois Lyonnais, ils s'appliquaient « à retenir dans cette même communion tous les génies « heureux qu'ils voyaient, en ce temps, grandir autour de « leur demeure. a II est difficile de dire ce qui l'emporte de l'éclat ré- < pandu sur le nom des Tisseur par l'école qu'ils assem- x « blaient ou des services qu'ils rendirent à cette illustre « école. Il est probable que sans eux« la pléiade », comme « on l'appelle, n'eût point donné ce beau spectacle d'unité « et de pureté. Laprade, par exemple, dont la tête man- te quait quelque peu de solidité, eût risqué d'écrire, je pense, « bien plus de vers semblables à ceux de Pernette et du « Livre d'un Père, et il eût négligé l'admirable veine de « Psyché, de h Mort du Chêne et d'Hermia. Mais les Tisseur « ne cessaient point de lui dire, ou, si les destinées voulaient « qu'il voyageât loin de Lyon, de lui écrire qu'il était un « poète et un druide, un prophète, un platonicien, par- ti dessus tout un Lyonnais; que sa Muse n'était point faite « pour traîner au-dessous du ciel de la lune ni pour s'attarder « à des contes. Ces exhortations n'étaient point dépourvues « d'emphase; mais la vérité y était, avec un sentiment très < noble et très sûr de ce que la patrie peut exiger de « « l'homme. « A leur tour, les jeunes disciples ainsi formés par les « Tisseur ne manquaient point de donner à ces graves « amis le tribut de louanges et de grâces qu'ils méritaient.