page suivante »
EN TOSCANE ET EN OMBRIE 217 leur démolition vandalesque, la perte de tant de merveilles artistiques ombrent sinistrement les vains espoirs de 1790, mais ces procédés sauvages furent surtout la conséquence des violences jacobines n'épargnant aucun autel, aucun art, aucune supériorité. La laïcisation de l'Italie unifiée fut froi- dement sectaire, le nombre exagéré des couvents d'hommes imposait une réforme sagement dirigée, en sauvegardant les abbayes dont les souvenirs, les richesses d'art appar- tiennent à l'histoire de l'univers intellectuel. Victor-Em- manuel II, beaucoup plus autocrate qu'on 0e le croit gêné - ralement et dont la volonté pliait à son bon plaisir les fictions constitionnelies, ne se sentit jamais assez solide sur ses nombreux trônes usurpés pour modérer, arrêter, diriger les exigences maçonniques. Sous son fils la royauté rede- venue hautaine et moins populaire s'est effacée de plus en plus, et les derniers anciens couvents ont été fermés : M. Taine dans son admirable Voyage en Italie approuvait cette rage pourtant peu libérale contre les asiles de paix, de travail, de repos : c'était en 1864, à l'époque des illu- sions philosophiques sur l'Italie une et la Prusse en chemin de le devenir. Actuellement, M. Bourget, dans ses calmes Sensations d'Italie déplore, en penseur et en artiste, cette suppression générale, inintelligente, remplaçant les reli- gieux par des enfants, des vieillards ou de simples employés tourmenteurs du visiteur, dans ces vieux cloîtres où les premiers se suffisaient, où tous les autres sont très mal ins- tallés. Les biens religieux dévorés depuis longtemps, le gouvernement italien utilise le peu qu'il en a gardé en revendant aux moines leurs propres monastères jadis à eux confisqués; l'opération est assez jolie pour être citée en passant : elle peut du reste être plusieurs fois recommen- cée. H» 4. — Avril 189). is