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EN TOSCANE ET EN OMBRIE * 205 ruelles étroites, palais grandioses aux entrées traîtresses, tours crénelées, arcs enchevêtrés sur les rues, montées, descentes rapides, églises-forteresses, souvenirs de foi, d'amour, de meurtres, de joies délicates, d'horribles tor- tures satisfaisant à peine la haine, splendeurs artistiques d'une intensité aiguë, ensemble envahisseur d'un passé dis- paru et toujours présent. Une longue rue suivant la crête des collines traverse Sienne de la porte Camollia à la porte Romaine, les palais se touchent, voici le Casino des Nobles et sa ravissante loggia aux deux bancs de marbre ciselés par Federighi et Marina, puis une courte descente et sous le soleil ou sous les clartés de la lune monte droit au ciel la radieuse tour du Palais Public. Cette tour, la Mangia, toute de briques rouges avec deux aigus renflements pour le guet et la cloche de la cité, est une perfection de légèreté par ses lignes si droites et si simples : au-dessous d'elle le Palais Public rouge aussi et crénelé, autour d'elle l'amphithéâtre des vieilles demeures patriciennes, la Piazza-Campo et sa ravissante fontaine, Gaia. L'intérieur du palais recèle l'histoire entière de Sienne l'éternelle rebelle, les hautes salles peintes, l'adorable cha- pelle précédée par de curieuses fresques annonçant la Renaissance avec leurs philosophes et guerriers romains, fermée par une grille-dentelle de fer forgé, émaillée par les fresques de Taddeo Bartoli. De la Piazza, nous montons encore entre deux beaux palais, au sommet, un grand espace très lumineux car le soleil se reflète sur les marbres, sur les mosaïques, sur les colonnes fouillées, sur les ornements multiples de la façade du Dôme entièrement construit de marbre noir et blanc.