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3H LE LIVRE DE RAISON
encore mieux de fixer notre attention. Car l'une et l'autre
nous conservent le souvenir de quelques particularités inté-
ressantes de la guerre des Camisards.
Sous la date du 22 février 1704, nous lisons d'abord :
Quelque temps apprès le décès de mon père, la nuit du 21 au
22 iebvrier, fust brûlée et pillée notre maison de Soubeyran, par Saint
Jean (2) et ses fanatiques. Ce fust une grande perte de meubles, argen-
teries et bestail. Aussy l'esglize de Saint-Barthelemy et autres ez
environ.
Cinq années s'écoulent ; les guerres civiles du Vivarais,
un moment apaisées par l'intervention du maréchal de
Villars et la soumission de Jean Cavalier, se réveillent plus
vives encore, et le rédacteur ajoute :
Dieu nous protège et fasse sa sainte religion catholique victorieuse
de tous ses ennemis. Le 11e du mois de juin 1709, es environs du
chasteau des Bosce, en la paroisse de Gilhot, trois cens fanatiques,
commandés par Abraham (3), ont soulevé le pays, pillé led. château,
où ils ont trouvé force munitions et provisions ; attaqués par les Suisses
en garnison à Vernoux, ils se retirèrent sans défense dans les bois, à la
faveur de la pluye.
Cette invocation, qui nous arrive à travers les siècles, de
Tune des victimes des excès commis par les Camisards,
jette une vive lumière sur ce triste épisode de notre his-
(2) Saint-Jean était le nom mystique qu'avait adopté le prophète
Dortial, natif de Chalancon, et député de ce pays, qui servait de guide
aux Camisards, dans leurs courses à travers le Vivarais. (V. Dourille.
Hist, des guerres civ. du Vivarais, p. 410.)
(3) Abraham Mazel, l'un des chefs camisards, qui avait servi pré-
cédemment sous Jean Cavalier.