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DANS LE LYONNAIS 245 Saône. Combien de temps pouvait durer un pareil voyage ? Apparemment, il était assez long, puisque, pendant le trajet, la femme d'Horace Huguetan avait tout le temps de mettre un fils au monde, ce que le père de famille consigne grave- ment sur son journal, de la manière suivante : Le vendredy 28= octobre 1667, faitte de St Simon Jude, il m'est né un fis entre six et sept heures du matin dans le bateau de Possillon sapignier de Cozon (15), entre Josu (16) et le Vernay, sa mère venant de Fontaine, en conduisan tous son bagage, venan de vendange, fut pourtan baptizé à St-Nizier, le dimanche suivant 30e dud. mois, par Monsieur Prost, vicaire, le parrin ce nomme sieur Jean Popelin, mar- chand de soy, la marene ce nome demoiselle Jeanne Coste, ma belle- sœur, la mère ce nome Gabrielle Coste, il a esté nourry à St-Flory. Fait par moy Horasse Huguetan, son père. Vraiment, en présence de pareils faits, comment pourrait-on trouver invraisemblables les aventures si diver- tissantes racontées par Néel, dans le Voyage de Paris à St-Cloud par mer, publié en 1748 ? Ajoutons, au surplus, que l'enfant, né dans ce paisible voyage, était robuste et gaillard, car une note du livre de raison nous apprend qu'il mourut seulement en 1756, à Châlon, à l'âge de 89 ans. Ailleurs, nous sommes témoins des hésitations d'un jeune homme arrivé à l'âge d'embrasser une carrière. (15) Le nom de sapine est donné aux bateaux, servant autrefois au transport de la pierre de Couzon. De là le nom de sapinier donné aussi aux maîtres de ces bateaux. (16) Il s'agit là du château de Joussieu, appelé aussi quelquefois Joussou, qui est situé sur la rive gauche de la Saône, à un kilomètre au nord du château du Vernay, et qui appartenait, ,à la fin du xvile siècle aux religieuses de la Visitation de Sainte-Marie-des-Chaînes. (Mazures de Vile-Barbe,!. 207. II. 363.) N ° 4. — Avril 1892. jy