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134 EN OISANS ainsi « collés ati rocher comme des sangsues » (ainsi disait Folliguet), sur des à -pics d'un millier de mètres. Non, il n'y a là rien de surfait ; j'irai même plus loin en vous disant que ces aspérités sont quelquefois très difficiles à apercevoir, que souvent il n'y a place que pour le bout d'un doigt et l'angle de la semelle, et que souvent aussi vous vous cassez les ongles sur des rainures de quelques millimètres. Mais un point important à considérer, c'est que, si vous passez sans hésiter et sans beaucoup de peine dans de pareils endroits, la raison en est que vous vous sentez attaché : vous avez une confiance absolue dans votre bonne corde de manille, et si vous n'aviez pas de corde autour de la ceinture, vous ne passeriez peut-être pas ; c'est à la descente surtout que j'ai fait cette remarque. En un mot, que ceux qui ne se sont jamais livrés à de tels exercices, ne s'effrayent point, car l'idée qu'on s'en fait est toujours pire que la réalité. Mon frère et moi, à chaque instant, nous nous attendions à trouver quelque passage épouvantable nous procurant au moins quelques instants d'effroi et d'hésitation, nous n'en rencontrâmes pas. La Meije n'est pas méchante : jamais elle ne vous jette de pierres sur la tête, et quand vous lui prenez la main pour vous aider à monter, vous pouvez être sûr qu'elle est solide et quelle ne vous lâchera pas. Peu à peu toutes nos appréhensions disparaissent, nous sommes ^en très bonne disposition d'esprit quand nous arrivons au Campement de Casteinau, petite terrasse pentive large d'un mètre, où nous pouvons nous réunir. Il était temps, j'avais une main presque gelée. Gaspard la prend dans les siennes, et par des frictions, il ramène la circu- lation aux prix de quelques élancements douloureux.