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PROMENADE AU SALON 299 Que les jeunes lauréats qui, à peine échappés de Saint- Pierre, n'ont rien de plus pressé que de nous présenter des études de nu, s'inspirent des tableaux de M. Collin et de M. Payen. Si c'est trop immatériel pour eux, qu'ils cher- chent au moins à imiter M. Reynaud. Sa Cuisinière antique (725), est invraisemblable et rappelle les mignardes figulines d'Hamon ; mais on y trouve toute la sincérité du dessin, toute la vérité de la forme, sans aucune de ces brutalités du nu qu'affectionnent les montreurs de chair humaine. Plusieurs artistes femmes se sont essayées dans ce genre. M11* Dauvergne a obtenu un véritable succès, avec un pastel, la Femme à l'éventail (262). Je ne voudrais pas être appelée bégueule, et pourtant je dois déclarer qu'entre tant de maîtres à imiter, il me paraît singulier qu'une jeune fille choisisse Chaplin. Voilà pour le sujet. De l'exécution il y aurait bien quelque chose à dire : le pastel a des complai- sances plus encore que la peinture, et l'indécision des con- tours, la mollesse du rendu couvre plus d'une faute de dessin ; ainsi le bras droit ne me semble pas très solidement attaché. Le pastel de Mlle Dauvergne a été acquis, m'assure- t-on, pour orner une salle de Casino. J'estime que c'est un succès qui équivaut à la plus amère des critiques. Primavera (451), tel est le titre d'un gentil tableautin de Mlle Hugon. L'auteur reste dans la note académique. C'est un printemps lyonnais, un peu froid ; pas de poussée de sève exubérante, mais une franche et loyale facture, le sen- timent du vrai et cette crainte de l'outrance et de l'excen- tricité qui est le commencement d'une bonne carrière artistique. Dans le Repos du Modèle (134), de Mlle Bouvier, nous retrouvons ce coin d'atelier, qu'elle nous a déjà montré, et