page suivante »
390 LAMARTINE homme politique (7) ? Elu sur ces entrefaites par le collège de Bergues, dans le département du Nord, il quitta préci- pitamment l'Orient. Il pouvait enfin monter à la tribune le 4 janvier 1834. Lamartine homme politique ne m'appartient pas; de toutes les œuvres littéraires ou oratoires que la politique lui inspira, aucune ne mérite d'occuper la postérité. Mais ce qui n'est pas sans mériter d'être salué en lui, c'est le désintéressement et la loyauté dont il fit preuve durant tout le temps qu'il fut mêlé aux affaires. Il ne cessa de marcher la tête haute au milieu des intrigues ; on ne lui en a peut- être pas assez fait honneur. Si, dans ce qu'on a appelé « l'orgie parlementaire », le noble poète ne se garda point toujours pur de toute mésalliance, ce qui était impossible, il se garda pur de toute mésalliance intéressée. En 1848, lorsque éclata une révolution qu'il avait su prévoir et qu'il avait appelée hautainement par avance « la révolution du mépris », il se trouva de riche devenu pauvre, quand plus d'un autre de pauvre était devenu riche. Je n'ignore pas qu'il serait aisé de plaisanter sur la portée politique d'un homme qui remplaçait la patrie par l'huma- nité, et qui voyait la régénération du monde dans une colo- nisation (par décret) de l'Asie au moyen du trop plein de. l'Europe (8), mais je ne le ferai pas. On l'a fait suffi- samment ; à peine tombé, les traits sont venus de toutes parts accabler Lamartine. La sévérité hautaine de Guizot de meure doctrinaire ne lui a pas plus manqué que la sévérité (7) Le modèle des horoscopes. Il se compose de deux parties : la première, que tout le monde sait, la deuxième, que celui à qui l'on s'adresse désire savoir. (8) VOYAGE EN ORIENT, Résumé politique.