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LAMARTINE 38) pour prendre un tel engagement dans de telles conditions, et il y a encore moins d'évêque, je ne dis pas pour l'imposer, mais pour l'accepter, lui fût-il offert. Les temps où ces événements s'accomplissent ont beau être exceptionnels, les personnages le sont encore davantage. Et ici l'erreur est d'autantplus grave qu'elle a fait du livre un livre dangereux. Il n'y a rien de plus dangereux que les idées fausses. L'immoralité du poème de Lamartine est moins peut-être dans la peinture parfois molle et séduisante de la passion, que dans je ne sais quel courant de philosophie irréligieuse qui ne cesse de circuler à travers l'œuvre, et de charrier pêle-mêle les objections que l'ignorance et l'impiété ont faites de tout temps au célibat ecclésiastique. J'ai une autre querelle, purement littéraire celle-ci, à faire à Jocelyn. J'ai reproché aux Harmonies la disproportion entre l'expression et le sentiment ; au Voyage en Orient, l'intempérance et le manque de portée : a. Jocelyn, je repro- cherai la négligence, car, s'il n'est point exempt des défauts précédents, c'est celui-ci qui y domine. La négligence n'a pas de bornes chez Lamartine : incorrections de langage incorrections de versification, tout est bon au poète grand seigneur, et il ne recule pas plus devant un solécisme ou une impropriété grossière, que devant un vers de treize pieds. Ainsi fait-il avec éclat dans Jocelyn. Sainte-Beuve a raconté que Boissonade, fameux en grec, s'évertuait un jour, à propos d'un vers de ce poème, à trouver une leçon meilleure qui satisfît la grammaire (5). Il ne soupçonnait (5) C'était à propos de ces deux vers de la huitième époque : Sur l'arbre de ses bords gisant et renversé, Le fleuve était partout couvert et traversé.