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384                       LAMARTINE

trouvé chez un curé de campagne et auquel il manquait ici
et là quelques feuillets ; mais l'œuvre n'en est pas moins
fort bien composée et parfaitement une dans ses vastes
dimensions. Le meilleur éloge qu'on en puisse faire est
qu'on y retrouve abondamment ce qui a fait le plus pré-
cieux mérite des premières Méditations, cette peinture de la
passion humaine qui est, et qui sera toujours l'objet de
l'attention, delà sollicitude et de la sympathie des hommes.
Et on l'y retrouve agrandie, étendue, à la fois plus variée et
plus complète. On connaissait un chanteur agréable,
excellant à moduler une petite cantilène fraîche et douce,
dans le calme d'un beau soir, et c'est ici le poète haut et
puissant de l'amour, de tous les amours humains, car
l'amour maternel, l'amour paternel, l'amour filial, ont
trouvé place dans son œuvre. Toutes ces agitations, qui
sont l'humanité même, et, avec le sentiment religieux, ce
qu'il y a de moins vain en elle, renouvellent heureusement
l'intérêt lorsqu'il se ralentit, et nous ramènent au poète,
quand, ce qui lui arrive souvent, il nous a brouillés avec
lui par quelque description interminable.
   En revanche, et cet éloge fait, on a pu voir que dans
Jocelyn la fable tient à un fil, que la façon dont l'action
s'engage et celle dont elle se termine, sont également
naïves. Ce n'est pas renoncer sérieusement à son patri-
moine que d'entrer au séminaire à seize ans, et la recon-
naissance au lit de mort au moyen de la confession
méritait de demeurer dans les vieilles romances d'où
Lamartine l'atirée. Mais il y a bien plus à blâmer dans ce que
les anciens critiques auraient appelé le nœud du poème. Je
veux parler de cette prétendue vocation qui fait de Jocelyn
un prêtre en dépit des lois de l'Eglise, en dépit de sa volonté,
et aussi en dépit du bon sens. Il n'y a pas de jeune homme