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66                    DANS L'ANTIQUITÉ

 devant les conjurées. Les femmes sont bien plus aptes que
 les hommes au gouvernement des Etats. Elles sont plus
 économes, s'étant formées à l'économie par la direction du
 ménage ; donc les finances publiques seront bien mieux
 administrées. Les hommes ont la manie d'innover sans
 cesse ; les femmes au contraire sont fidèles observatrices
 des mœurs antiques. Elles lavent la laine dans l'eau chaude
 comme autrefois ; elles font la cuisine comme autrefois ;
 elles portent leurs fardeaux sur la tête comme autrefois;
 elles se font cuire des friandises en cachette comme autre-
 fois ; elles aiment le vin pur comme autrefois ; elles font
 enrager leurs maris comme autrefois. — Pardon, Mes-
 dames, c'est une femme qui parle. Et encore j'en passe
 beaucoup. Mais au milieu de ces arguments grotesques, il
 en est un vraiment sérieux qui arrête et émeut le penseur.
 « Les femmes, elles sont mères, et seront bien plus
jalouses que les hommes de ménager le sang de nos
 soldats. » Ici tous nous applaudissons. Il est trop vrai que si
 dans toute l'Europe, les questions de paix ou de guerre
 étaient soumises à des assemblées de femmes, de mères,
d'épouses, de sœurs, nous aurions moins pleuré il y a vingt
ans, aujourd'hui nous serions plus rassurés ; pour le grand
bonheur de l'humanité les canons Krupp et la dynamite
seraient relégués désormais dans le magasin des engins
inutiles, comme d'affreux souvenirs de l'antique barbarie.
    Praxagora a donné d'autres raisons encore. Elles nous
sont rapportées par un brave homme qui, s'étant levé plus
matin que sa femme, a pu se rendre à l'assemblée, et
entendre les discours qui ont enlevé le vote. Ici un détail
amusant ; à sa grande surprise l'assemblée lui a paru remplie
de cordonniers. Les cordonniers qui, surtout en Orient,
travaillent à l'ombre, ont seuls une pareille blancheur de