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                  LES UTOPIES SOCIALISTES                    6j

teint. Puis il a vu monter à la tribune un joli jeune homme
au visage blanc et rose. Il ne le connaissait pas, nous, nous
le connaissons. Et voici ce qu'a dit ce charmant orateur :
« Les femmes sont bien plus habiles que les hommes dans
le grand art de la diplomatie. Voyez comme elles savent
garder leurs secrets. Bien mieux que les hommes elles sau-
ront se faire et se conserver des alliés. Voyez comme elles
se traitent mutuellement en bonnes amies, comme elles
savent s'entendre contre leurs maris, comme elles se
prêtent mutuellement leurs bijoux, leurs ustensiles. Qui
mieux qu'elles s'entend à se faire aimer ? » Il est évident
qu'on ne pouvait résister à d'aussi bonnes raisons. L'assem-
blée a voté avec enthousiasme. Maintenant tout est fini ;
les femmes sont mises en possession du pouvoir; Athènes
 va être heureuse.
    Qu'a décidé le nouveau gouvernement ? Pour com-
 mencer, deux toutes petites choses ; la communauté des
 biens, et la communauté des femmes.
    Le premier point d'abord. Ecoutons le législateur. « Je
 veux que tous participent à tout ; que les biens soient en
 commun. Il n'y aura plus de riches ni de pauvres ; on ne
 verra plus l'un moissonner de vastes domaines, tandis que
 l'autre n'a pas un serviteur. J'entends qu'il n'y ait plus pour
 tous qu'une seule et même condition. » — C'est du Babeuf
 tout pur.
    Et le moyen d'appliquer ce beau système ? — « Je com-
 mencerai par mettre en commun les terres, l'argent
 monnayé, les meubles, tout ce qui est fortune privée. Puis
 nous vous nourrirons sur ce fonds commun que nous pren-
 drons soin d'administrer avec une sage économie. Athènes
 ne sera plus qu'une seule maison, où tout appartiendra à
  tous. » Voilà le Phalanstère.