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LES OTOPIES SOCIALISTES éj femmes dans les soins du ménage, bien qu'elles soient infiniment plus capables que leurs maris d'exercer le pou- voir et de diriger les grandes affaires. Elle a ourdi un complot parmi ses voisines et ses amies pour s'emparer du gouvernement. La constitution d'Athènes rend cela plus facile qu'il ne semblerait au premier abord. Il suffit d'avoir un jour, un seul jour, la majorité dans l'assemblée du peuple ; car dans cette démocratie sans contre-poids, chaque jour le peuple assemblé fait et [défait à son gré tout ce qui lui convient. Mais cette majorité, on ne peut la demander aux hommes qu'elle doit détrôner ; ce sont les femmes elles-mêmes qui la composeront. Sous un déguisement masculin, elles envahiront l'assemblée. Le vote acquis, la révolution sera faite. Voici donc quel est le mot d'ordre. Au jour fixé toutes les conjurées, avant le lever du soleil, prendront les vête- ments, le manteau et le bâton de leurs maris. Elles se sont procuré des barbes postiches. Elles rempliront la place publique ; et pendant que les pauvres maris n'oseront sortir de chez eux, n'ayant sous la main que les robes de leurs épouses, celles-ci voteront à loisir tous les décrets que leur proposera Praxagora, chargée de porter la parole an nom de toutes. Et ainsi s'est fait. Tout a réussi à merveille. Les huissiers publics, de grossiers barbares, n'y ont vu que du feu ; les conjurées ont franchi sans obstacle les barrières de la place ; Praxagora est montée à la tribune, elle a parlé, et la majorité a voté tout d'une voix que désormais le gouver- nement de la République serait remis aux mains des femmes. Les raisons qu'a fait valoir Praxagora nous les connais- sons, elle les a exposées devant nous en répétant son rôle N° i. — Juillet 1890. 5