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50             CHAZAY-D'AZERGUES EN LYONNAIS

obscurci toute notion de droit, de justice et d'humanité.
Pendant huit années on eut le triste spectacle de troupes
des armées royales ravageant et pillant nos plus belles pro-
vinces et commettant tous les crimes (22).
   Ce fut en septembre 1436 que les Ecorcheurs parurent
pour la première fois, le Bâtard de Bourbon, resté tristement
célèbre par ses atrocités, était à leur tête. Ils gardaient au
milieu de leurs excès une organisation militaire, formant
parfois de véritables corps d'armée de huit à dix mille
hommes. « Qu'on se figure une province livrée presque
sans défense à une armée de dix mille brigands ! (23). »
   Les troupes que l'on envoyait contre eux faisaient cause
commune avec eux, et elles pillaient, rançonnaient à leur
tour pour leur propre compte. De telle sorte que ce que les
Ecorcheurs n'avaient pu emporter, ces troupes libératrices
se l'appropriaient ; aussi les nommait-on Relondeurs, parce-
qu'ils retondaient ceux que les premiers n'avaient pas écorchés
jusqu'aux os. Toute ville murée refusait l'entrée et le séjour
à ces troupes libératrices, ayant tout à craindre d'elles. Les
Ecorcheurs pouvaient opérer tout à leur aise sans être
inquiétés, jusqu'à ce que enfin le duc de Bourgogne et les
paysans désespérés se soient mis à leur faire une guerre
impitoyable, de telle sorte que tout ce qu'on pouvait
prendre était massacré. Ollivier de la Marche raconte qu'il
a vu alors la Saône rougie de leur sang et que souvent on
trouvait leurs cadavres liés deux à deux et entraînés par le
courant du fleuve. Mais ce fut en vain qu'on usa contre eux




  (22) P. Canat de Chizy. Ecorcheurs dans le Lyonnais. Revue du Lyonnais,
1861, 23e volumes, p. 41.
  (23) P. Canat de Chizy. Ecorcheurs, p. 44.