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CHAZAY-D'AZERGUES EN LYONNAIS 51 des plus terribles représailles et que l'infâme Bâtard de Bourbon fut, par l'ordre du roi, lié dans un» sac et précipité dans l'Aube, on était impuissant à les réprimer tous, et les excès se continuèrent pendant de longues années. Ces vio- lences, ces cruautés raffinées étaient commises froidement et sans autre but que d'extorquer de l'argent. Les Ecorcheurs tuaient tout ce qu'ils ne pouvaient rançonner; ils torturaient le fils pour avoir l'argent du père et outrageaient la fille si ses parents ne pouvaient payer rançon. Fixant d'avance le prix du sang, ils exigeaient tant pour un homme, tant pour une femme et tant pour un enfant. Ils enlevaient tout le bétail, le parquaient dans des lieux fermés jusqu'à ce qu'on vînt payer le tribut pour le ravoir. C'était un écu pour un cheval, un franc pour une jument, un gros pour un bœuf, deux blancs pour une brebis, et ils laissaient mourir de faim les bêtes qui n'étaient pas récla- mées. Tout était sujet à rançon, les récoltes, les maisons, le mobilier, etc., autrement le feu les dévorait. A la suite de ces brigands marchait une foule avide et hideuse de juifs et de marchands qui achetaient à vil prix les objets volés. Les riches, grâce à de fortes sommes, échappaient sou- vent aux mauvais traitements ; mais les pauvres, quand ils ne pouvaient payer, subissaient des tortures qui font frémir. Ils étaient tués avec des raffinements de cruauté incroyable, soit par le feu, soit par l'eau, et bien souvent écorchès tout vifs (24). (24) Ces renseignements sont puisés dans les pages fort intéressantes que M. P. Canat de Chizy a publiées dans la Revue du Lyonnais, 1861, t. III, p. 41 et 123.