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64                 A TRAVERS LA KABYLIE

les anciens propriétaires; puis, pour occuper leurs loisirs,
ils font de la politique. Comme c'est grâce aux largesses du
gouvernement qu'ils se sont établis, c'est encore sur le
gouvernement qu'ils comptent pour continuer à vivre sans
rien faire. Le personnage chargé de tout obtenir pour eux,
c'est le député. Mais les fonctions de député tentent tou-
jours plus d'un candidat ; il s'en trouve au moins deux, et
le village se divise habituellement en deux partis, entre
 lesquels l'administration a la plus grande peine à maintenir
la bonne harmonie (p. 195 et s.).
    La plupart des colons sont d'ardents démocrates ; ils ne
tarissent pas, en effet, lorsqu'il s'agit de maudire la féoda-
 lité, le despotisme des nobles et du clergé ; ils cessent de
 l'être dès qu'ils se trouvent en face des indigènes. L'auteur
 nous montre, au reste, de curieuses ressemblances entre la
 féodalité et le Moyen Age et le régime appliqué en Algérie.
 Ainsi les indigènes sont, dans une certaine mesure, attachés
 à la glèbe comme les anciens serfs, puisqu'ils ne peuvent
 pas, sans autorisation, sortir du territoire de leur commune
 et établir une habitation en dehors de leur douar ou village.
 La justice criminelle leur est rendue uniquement par les
 Français, comme elle l'était aux vilains par leurs seigneurs.
  Les citoyens français, comme autrefois les nobles, sont seuls
  appelés à porteries armes; les indigènes ne servent que par
  suite d'engagements volontaires et dans des corps spéciaux.
  Au point de vue des impôts, les terres sont nobles ou rotu-
  rières, celles des Français ne payant pas l'impôt foncier, et
  celles des indigènes le payent. Certaines prestations en
  nature sont en réalité des services féodaux : la diffa, obli-
  gation de nourrir et loger les agents du gouvernement en
  tournée, n'est pas autre chose que l'ancienne obligation
  d'héberger le seigneur et sa suite. Les goums, troupes de