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LE PROCEDE MUSICAL DE R. WAGNER 449 de leur enseignemeut, et par malheur il n'a pas su le cher- cher là où il aurait pu le rencontrer et en tirer des fruits. * Etudions maintenant l'art de Wagner sous le rapport de la forme, de la formule et de l'expression. La forme est la manière d'être auditible, visible, et tangi- ble de la Beauté dont l'expression est la lumière. Prenons un exemple : tel paysage est beau, si les lignes qui le com- posent sont belles et bien ordonnées, et si la lumière qui l'éclairé est belle aussi. Sans lumière, l'objet le plus beau n'existe pas pour l'œil, puisqu'il est invisible. Sans expression, point de formes, non plus, mises en relief, ou rendues perceptibles à nos sens. La formule est un aspect de la forme entrevu et réalisé par tel artiste ou telle Ecole. Sous peine de tomber dans les errements de l'art byzantin, le poète, en donnant un corps à la conception, doit repousser la formule pour chercher la forme, et en poursuivre la réalisation. L'Ecole moderne répudie la formule ; elle met donc l'art en bon chemin pour trouver des formes nouvelles; où elle se trompe, c'est dans la manière d'apprécier la valeur relative des éléments constitutifs de toute œuvre d'art, et dans le rapport où elle P*étend les établir, c'est-à -dire dans l'importance exagérée qu'elle donne à l'expression, au coloris. En reprenant l'exemple cité plus haut, nous dirons aux novateurs : Ménagez avec soin une lumière très belle, mais préparez avec non moins de soin les formes et les figures qu'elle doit éclairer.