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LE PROCÉDÉ MUSICAL DE R. WAGNER 439 « Il faut une lente préparation pour goûter le charme « de ces accords étranges composés d'après des formules « que ne donnent pas les livres, de ces enchaînements « imprévus et curieux qui sont le fond de l'harmonie « wagnérienne. (Page 260). « Si l'harmonie est une science fermée, c'est-à -dire une « science où les règles posées une fois pour toutes ont la « valeur d'axiome et ne sauraient être transgressées, Wa- « gner doit être regardé comme un pitoyable harmoniste ; « si, au contraire, elle a le droit d'étendre son domaine, « et, sans gâter pour cela le plaisir exigé par l'oreille, de « s'enrichir de conquêtes nouvelles, Wagner offre en ses « travaux une matière digne d'intérêt. Les modifications à « apporter au rôle du récitatif ont marqué le point de « départ de sa réforme dramatique; de même les modifi- « cations à apporter au rôle de la basse pourraient bien « avoir marqué le point de départ de sa réforme harmo- « nique Jusqu'ici le choix de la note qu'il convient de « mettre à la basse, en tant que note de basse, c'est-à -dire « indépendamment des autres notes qui entrent dans l'ac- « cord, avait une importance qui constituait une difficulté. « C'est ce joug que Wagner semble avoir délibérément secoué. « Comme dans la mélodie italienne, il a reconnu là « cette « forme indigente et presque enfantine de l'art, dont les « étroites limites condamnent le compositeur de génie lui- « même, qui embrasse cet art, à une immobilité absolue, » « de même qu'il veut que le récitatif ait « une signification « rythmique et mélodique, et se lie d'une façon insensible « à l'édifice plus vaste de la mélodie proprement dite » « de même, il s'efforce de ne « point distinguer entre le « chant et l'accompagnement ; a et de les fondre en- « semble, de telle sorte que l'orchestre soit relevé « de la