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438 LE PROCÉDÉ MUSICAL DE R. WAGNER parce que dans les chefs-d'œuvre anciens et modernes, il est nombre de trios, de quatuors et de morceaux d'ensemble, qui portent l'empreinte d'une vraisemblance suffisante, en même temps qu'ils sont animés du souffle dramatique le plus puissant et le mieux ordonné, et surtout parce que nous ne saurions croire, sur l'affirmation d'un seul, que le progrès musical consiste à rayer des partitions futures les trios, les quatuors et les chœurs. Il est assez curieux d'entendre les disciples d'une école qui repousse absolument le magister dixil, invoquer l'auto- rité du maître, au lieu d'essayer de justifier ses principes : « Si dans ses derniers ouvrages Wagner s'interdit souvent « l'usage des chœurs, ce n'est pas par impuissance, c'est « par raison, et pour obéir à des règles d'esthétique pure dont « plus que tout autre il est bon juge. » Voici donc Wagner érigé en juge absolu des questions d'esthétique pure, et nous n'avons qu'à nous incliner quand le maître de Bayreuth aura parlé. Mais qu'est-ce bien alors que cette esthétique pure ? Ne serait-ce pas surtout une esthétique soigneusement expurgée des préjugés latins? Passons aux réformes qui touchent à la tonalité et aux rythmes, à ces cadences finales qui se dérobent sans cesse. « Aucune interruption, même momentanée, ne doit se « produire au cours de l'action dramatique avant la fin des « actes; les points sont presque définitivement bannis de la « nouvelle ponctuation musicale, et, même, lorsque la voix « des chanteurs se repose sur la tonique, il est très rare « que cette tonique ne soit pas harmonisée par un accord « de passage