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364 L'ŒUVRE DE PIERRE DUPONT Même alors que son chant s'aiguise d'une pointe de désir, le chansonnier saura demander à la création les images les plus pures pour en parer la femme aimée : On dirait un bouquet de fleurs Qui s'effeuille dans son haleine ; Tes yeux, par la lune pâlis, Me semblent pleins de violettes ; Tes lèvres sont des cassolettes, Ton corps embaume comme un lis ! Puis, nous montrant, « dans la forêt mystique » — le mot est dans le texte, à la première ligne — le bien-aimé, seul avec sa bien-aimée, à l'heure où leur âme « passe tout entière en leurs chuchotements », le poète s'essaie à répé- ter leur duo d'amour : Ah! disent-ils encor, pour que notre amour vive, Élevons-le vers Dieu, son principe et sa fin; L'amour qui se retrempe à cette source vive, Comme l'éternité, n'a pas de lendemain. S'il est vrai que la bouche parle de l'abondance du cœur, voilà certes un délicat et un mystique ! A peine le moraliste trouvera-t-il deux ou trois points à reprendre, dans l'œuvre de ce hanteur de cabarets, coutumier des amours passa- gères, mais sachant défendre son vers de ces traits égrillards et faciles dont la chanson française semble avoir eu de tout temps le privilège. * * Pierre Dupont, pénétré d'un sentiment si vif de la na- ture, était, avons-nous dit, toujours enclin à la voir sous