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284            RECHERCHES BIBLIOGRAPHIQUES

alléché par les apparences d'un succès, se serait résolu à
augmenter, sinon sa gloire, du moins ses profits. « Peu
satisfait du nombre d'exemplaires qu'on lui avoit promis, il
menaça de ne plus fournir ce qui manquoit à la traduction,
si on ne lui en donnoit un plus grand nombre. Ce qui
obligea le libraire d'en venir à un second traité, qui lui
estoit fort onéreux ; car il devait donner 1,400 volumes, que
M. Nodot a eus. »
   Ce différend vidé et le livre presque terminé, l'auteur
éleva une nouvelle prétention. Il lui fallait dix gravures.
L'infortuné éditeur lui représenta que des sujets, en rapport
avec le texte de Pétrone, seraient peut-être un peu légers;
que ce serait l'objet d'une forte dépense et d'une grosse
perte de temps ; qu'il avait besoin de rentrer dans ses
avances, etc. Tout fut inutile, Nodot n'en voulut pas
démordre et refusa de livrer le peu qui manquait à la traduc-
tion. De guerre lasse, ou crainte de pire, le libraire préféra
renoncer à son contrat et remettre à l'auteur 1.400 exem-
plaires incomplets, quitte à utiliser ceux qui lui restaient
sur les bras, dans les mêmes conditions.
   L'exemplaire, décrit plus haut, est un de ceux aban-
donnés à Nodot. En effet, sur le fleuron du titre, a été collé
un cartouche découpé et finement gravé, représentant une
main déliant un nœud, à l'aide d'une plume, le tout sur-
monté de la devise de l'auteur : Nodi solvuniur nodo. C'est
donc bien là, visée et approuvée, la seule et vraie traduction
de Pétrone. Les dix estampes, objet du litige, s'y retrouvent
également. Il est juste de constater qu'elles ne sont point
libertines et ont été fort bien gravées. En outre, Nodot
n'ayant pas voulu céder à son éditeur les dernières pages
de sa traduction, celui-ci fut obligé d'avoir recours « à un
savantasse » ; d'où une différence entre le texte français des