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192 DOCUMENTS INEDITS SUR LYON EN I792
cinq minutes après je me trouvai dans la maison Vitet, au
fond de la place Grenouille, sans jamais me rappeler quelles
rues j'avois parcourues pour m'y rendre. Je ne repris ma
tranquillité que dans son antichambre. Un domestique qui
parut me dit que son maître étoit sorti. Je demandai ins-
tamment qu'il m'indiquât le lieu où je le trouverois. Le
domestique se décida à l'aller chercher et peu d'instants
après il me l'amena. Je lui annonçai avec beaucoup de feu
ce que je venois de voir et d'entendre. Je luy demandai
l'ordre de courir défendre les prisonniers. Il me le refusa
sous prétexte que j'étois trop agité et que je ferais quelque
étourderie. Pour le piquer et l'engager à souscrire à ma
demande, je lui dis que le bruit public étoit qu'il avoit reçu
l'ordre des jacobins de faire assassiner les détenus. Il me
dit que c'étoit une calomnie. Je parus le croire et luy indi-
quai le moyen que j'avois de faire retirer les scélérats sans
répandre leur sang. Je lui proposai de répondre des moin-
dres accidents. Il fut inflexible ; il me congédia en m'enga-
geant à me tranquilliser et m'assurant que les prisonniers
ne couraient aucun danger, que toutes les précautions
étoient prises, qu'il étoit obligé de me quitter sur le champ.
« On a dit depuis qu'il étoit à dîner chez les frères Pé-
risse. Les brigands trouvant de la résistance auprès de la
garde de Pierre-Cize se rentournèrent et furent rencontrés
auprès de l'Homme de'la Roche par ledit Vitet, qui les
reconduisit à Pierre-Cize et leur fit livrer les prisonniers.
« Sur les dix heures du soir les brigands se firent ouvrir
les portes de la prison de Rouâne, je ne sais en vertu de
quel ordre, et y coupèrent plusieurs têtes. Ledit Vitet ayant
appris que la garde nationale de Saint-Nizier et rue Tupin
s'étoient assemblées place du Concert spontanément pour
exterminer les septembriseurs, se rendit sur ladite place et