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               LE PORT-SAINT-LOUIS DU RHONE                445

Constantin, pensèrent mieux comprendre l'avenir réservé
à cette cité, et poussèrent de toutes leurs forces à son déve-
loppement politique et commercial.
   Malheureusement leurs prévisions et leurs espérances
furent traversées et bouleversées par une circonstance natu-
relle avec laquelle on a eu à compter jusqu'à nos jours.
L'obstacle qui de tout temps ferma le débouché direct du
Rhône sur la mer et en rendit l'accès difficile aux navires
de quelque tirant d'eau, est la présence de la barre.
   Tandis que, dans les mers à marée, les embouchures des
fleuves ont leur lit balayé chaque jour par les chasses puis-
 santes du reflux, qui emportent au loin, dans les grands
fonds de la mer, les alluvions et les apports charriés par les
eaux, les fleuves débouchant dans les mers sans marée,
 comme le Rhône, le Pô, le Tibre, le Nil, le Danube, le
Volga, sont soumis à une loi spéciale qui barre leur em-
bouchure et forme les deltas : à la limite des domaines res-
pectifs du fleuve et de la mer, à la rencontre des eaux plus
tranquilles et plus denses, les apports amenés par les eaux
 courantes se précipitent et forment une barre, banquette
relevée qui diminue notablement le tirant d'eau, et se
 déplace à tout instant suivant la prépondérance relative des
 crues du fleuve ou des coups de mer.
   La profondeur de la passe se trouve sur la barre brus-
quement réduite à 2 ou 3 mètres, et même à moins, ce
qui ne permet plus l'entrée en rivière qu'aux navires de
très faible tonnage.
   Déjà, pour le ravitaillement de ses troupes campées au
N . d'Arles, dans sa campagne contre les Teutons et les
Ambrons (102 ans avant notre ère), Marius rencontra
devant lui la barre qui fermait l'entrée du Rhône à ses
vaisseaux de charge (naves oneraria) ; il dut leur ouvrir un
         N° 6, — Décembre 1886.                       2Q