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                      PEINTRE LYONNAIS                      321

Sauveur, en pleine lumière, remplit la toile à elle seule. Il
n'y a, en plus, au pied de la croix qu'une pierre, sur
laquelle viennent de tomber quelques gouttes de sang, et
 qui porte la signature. Dans cet excellent ouvrage le pein-
tre s'est sagement abstenu de tout détail plus ou moins
pittoresque. Rien ne vient détourner l'attention de la
figure aux contours si purs et si grandioses, et où la sim-
plicité est alliée à la haute science. C'est à la fois attrayant
 et imposant.
    Après l'exposition, cette toile, acquise par l'État, fut
transportée au palais des Tuileries, où elle resta quelque
temps. Plus tard le tableau fut trouvé trop grand pour la
place qu'il occupait dans la chapelle, et le Gouvernement
le céda a l'église de Saint-Cloud, où il est encore, mais
sous un jour très défectueux.
    Après nos deux sièges et la paix enfin signée, désireux
de connaître le sort de la plus belle œuvre de notre ami,
nous nous dirigeâmes vers Saint-Cloud, que Ton nous avait
signalé comme l'un des points les plus éprouvés. En arri-
vant, nous fûmes surpris et effrayé ! L'église, si bien en-
tourée jadis, était complètement isolée, tout avait disparu
 autour d'elle; la coquette ville de Saint-Cloud n'existait
plus. Seule, l'église restait debout au milieu de ruines. Elle
surgissait intacte des débris encore fumants. Nous entrâmes,
et avec une vive satisfaction, nous revîmes le Christ dans
sa calme et radieuse beauté. En revenant, nous songions à
la bizarrerie du sort. Si le tableau était resté aux Tuileries,
il serait anéanti; nous devons son salut à sa relégation,
j'allais dire à son oubli, dans une église de campagne.
   Au Salon de 1866, parut le Martyre de saint Denis, com-
mandé par la préfecture de la Seine, pour l'église de Notre-
Dame de Clignancourt. Cette Å“uvre importante affermit