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i88                    MICHEL DUMAS

 tellement Orsel était difficile. Il aspirait à faire un tableau,
 et ses occupations quotidiennes semblaient l'en éloigner
chaque jour davantage. Il se trompait, car il puisait sous la
 discipline d'Orsel les fortes et saines notions du beau, du
grand et du simple. Il y puisait aussi et surtout cette habi-
leté de crayon et de pinceau qui a été le côté saillant de
son talent.
    Enfin, si peu croyable que cela soit, Dumas était parvenu
à réaliser quelques économies! Vers 1837, il entreprit son
premier tableau, Agar renvoyée, par Abraham, qui figura à
l'Exposition de 1838. Une petite gravure de Butavand le
reproduisit pour le journal YArtiste.
    Cette première tentative valut à Dumas de justes éloges,
et ce qui était encore à préférer, un peu d'argent. Le tableau
fut acheté par M. Alexandre Monnier, d'une honorable
famille lyonnaise, et dont l'amitié pour Dumas ne s'est
jamais démentie.
    De même que les premières toiles de Raphaël rappellent
visiblement celles de son maître le Pérugin, de même YAgar
reflète le talent grave et archiconsciencieux d'Orsel. On y
sent un peu l'école et un peu l'écolier. Le geste d'Abraham
est théâtral et plus dur que ne le comporte la situation. Le
manteau sur la tête ne drape pas la figure, et ses plis, trop
perpendiculaires, se confondent avec ceux de la tente.
Abraham est le personnage le plus important, et pourtant
il est le moins intéressant. D'ailleurs, beaucoup de senti-
ment, beaucoup d'expression dans le groupe d'Agar et de
sonfilsIsmaël ; dans le costume une consciencieuse recherche
historique, qui fait penser au Moïse sauvé des eaux d'Orsel,
que possède le Musée de Lyon. Déjà les têtes et les mains
sont dessinées avec finesse et précision. Le groupe de Sara
et d'Isaaç forme un heureux équilibre au précédent. Sara,