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PEINTRE LYONNAIS 189 tenant son fils entre ses genoux, poursuit sa rivale d'un regard où la haine est mal dissimulée. Tout cela est juste, bien compris. M. A. Monnier avait fait incruster cette toile dans une boiserie de son salon de la rue de Lille. Cet hôtel fut brûlé pendant le siège et le tableau avec lui (2). M. Monnier demanda à Dumas plusieurs tableaux, ce qui permit enfin à l'artiste de quitter sa pauvre rue des Quatre-Vents pour aller à Rome ! II Après l'Exposition de 1838, au mois d'octobre, il partit allègrement. A son arrivée, il prit gîte via Capo-k-Case, chez la signora Rosa, une descendante du grand Salvator Rosa. Il retrouve à Rome ses anciens amis, notamment les Flandrin et Bonirote. M. Ingres le reçut avec joie, et lui (2) Cette perte nous en rappelle une autre irréparable, arrivée le même jour et dans la même rue de Lille, au n° 41. Je veux parler de l'incendie de l'hôtel Gatteaux, toujours ouvert aux artistes, et dont les richesses artistiques étaient mises constamment à leur disposition. Chaque jeudi soir, on accourait de tous les quartiers de Paris, pour se serrer la main et applaudir de l'excellente musique. Le maître de céans, M. Gatteaux, artiste lui-même, jouissant d'une grande fortune dont il faisait un généreux emploi, accueillait tout le monde avec la même bonne grâce et la même cordialité. Il s'employait à obliger chacun en particulier, et nous ne connaissons pas d'artiste qui n'ait reçu de lui quelque bienfait. Dumas était un des familiers de la maison, et M. Gatteaux lui portait le plus vif intérêt. L'hôtel était à la lettre rempli, des caves aux greniers, d'objets d'art de toute sorte et du plus haut mérite. Plusieurs générations avaient employé tout leur goût artistique, tout leur discernement à rassembler ces précieuses richesses, que M. Gatteaux destinait au Louvre. Rien ne fut sauvé.