Revue du Lyonnais » série 5 - n°2 ( 1886 ) » pp.141

                  ET DU VIEUX PONT MORAND                             141

   Nos ancêtres les Gallo-Romains, avaient plus de vénéra-
tion pour leurs grands citoyens, comme l'attestent les nom-
breux débris antiques retrouvées chaque jour.
   Ce qui n'a pas été fait peut se faire encore :
   A la mémoire de ces deux hommes de génie, on devrait
élever un monument dans la plus belle de nos rues, entre
les noms de Stella et de Jean de Tourne, au milieu du
bassin qui attend depuis longtemps une décoration sérieuse.
   Sur le même piédestal, Morand et Perrache, tenant dans
leurs mains gauches le dessin du Pont et le plan de la
Presqu'île, leurs mains droites fraternellement unies, ou-
bliant leur ancienne rivalité, se féliciteraient mutuellement
de leur double succès, en souriant aux nombreux voyageurs
des tramways, transportés mollement tous les jours pour
deux sous des Brotteaux à Perrache, sans se douter à quels
dieux ils doivent les quartiers qu'ils habitent.

                    Deus nobis hac oiia fecit.

   Si quelque jour, dans des temps, plus calmes et plus
justes, nos descendants lisant cette histoire, se décident à
couler en bronze cette idée que je leur laisse, comme
Horace et comme les deux Antoine, mon opuscule aussi
pourrait dire :
                        Exegi monumentum.

  Lyon, le 20 juillet 1886.

             L'Inspecteur général honoraire des Tonts-et-Cbaussées,

                                       Théodore AYNAUD.
   {A suivre.')