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                  MOMORUS ET ATEPOMARUS                          9

   La précision du texte ne laisse pas subsister le moindre
doute ; il est clair, explicite, et le fait qu'il rapporte n'a rien
que de vraisemblable. Il ne faut pas, en effet, confondre le
fait historique avec l'anecdote dont la légende l'a embelli.
Quoiqu'il soit possible que les fondateurs de Lugdune aient
aperçu une volée de corbeaux sur le sommet de Fourvière,
le récit lui-même vient trop à propos pour ne pas être une
justification étymologique forgée après coup; mais cela
n'empêche pas que l'événement à propos duquel l'histo-
riette a été imaginée, ne soit vrai, au contraire, elle le
confirme.
   Quant au mérite de l'auteur, il a été systématiquement
 déprécié par les critiques, qui ne veulent pas admettre l'au-
 thenticité du récit. Pour eux, Clitophon n'est qu'un géo-
graphe d'une faible autorité en matière d'histoire; renou-
velant la confusion qu'ils établissent entre l'incident et le
fait, ils traitent d'apocryphe le traité des Fleuves, parce
qu'il est attribué sans preuves à Plutarque et englobent Cli-
tophon dans la même condamnation. Ce n'est pas cela.
Que le traité des Fleuves soit ou non de Plutarque, il n'en
est pas moins un ouvrage authentique et ancien; quant à
Clitophon, dont la responsabilité est distincte de celle
l'anonyme, ce fut un historien instruit et estimé dans
l'antiquité ; il avait écrit, outre le traité des Fonda-
tions des villes et d'autres ouvrages perdus, des histoires
de l'Inde et de la Gaule. Plutarque le tenait en sérieuse
estime, ce que ses détracteurs n'ont pas remarqué, car il
le cite dans un de ses ouvrages incontestés, ses Parallèles
(xv); ce qui tendrait à autoriser l'attribution du traité des
Fleuves au célèbre auteur des Vies des hommes illustres.
 Il n'y a donc pas à s'arrêter aux ridicules objections de
Monfalcon, et les assertions de Clitophon, acceptées par