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10 L'HISTORIEN CLITOPHON Plutarque, méritent autant de crédit que celles des autres historiens de l'antiquité sur lesquels on s'appuie avec con- fiance. Si l'authenticité du récit qui nous a été transmis par cet auteur est ainsi sérieusement établie, son importance n'est pas moins hors de doute. Le fait de l'existence de Lugdu- num avant l'arrivée de Plancus est du plus haut intérêt ; mais avant de l'examiner, il faut le dépouiller de toutes les erreurs dont les commentaires infidèles des modernes l'ont entaché. Suivant ces interprétations fautives, Momorus et Atepo- marus auraient été frères; Rhodiens d'origine, ils régnaient à Céséron, ancienne colonie grecque, d'où les Marseillais les auraient chassés ; ils auraient alors remonté le Rhône sur un parcours de plus de cent lieues, des bords de la Méditerranée jusque dans notre région. Lyon primitif au- rait ainsi été une ville rhodienne ou celto-grecque. On n'a qu'à lire le texte de Clitophon pour constater que ce beau récit, adopté par tous les historiens lyonnais favo- rables à l'auteur grec, est purement imaginaire; il ne dit rien qui puisse justifier une telle interprétation. Cette erreur a sa source dans un gros contresens de traduction qui a échappé à Ménestrier, mais qu'il était bien facile de recon- naître. Le savant jésuite a rendu la préposition grecque ûiro' par è, en français de, tandis qu'elle ne peut signifier ici que â (10), dans le sens français de par. Tito SesvipoveMç, a dès (10) L'emploi de cette préposition dans les traductions latines n'a pas été sans favoriser l'erreur indiquée. A, à b signifie premièrement de et secondairement par ; néanmoins, dans le sens latin de, cette pré- position diffère de son synonyme è, et notamment on ne peut écrire à regno dejecti.