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L'HISTORIEN CLITOPHON voulurent, d'après un ordre (de l'oracle), fonder une ville sur cette colline. Les fondations étaient déjà creusées, lorsque des corbeaux, apparaissant tout à coup et volti- geant, couvrirent les arbres d'alentour. Momorus, qui était versé dans l'art des augures, appela la (nouvelle) ville Lug- dune (7). On nomme, en effet, dans la langue de ces (gens) le corbeau lug (8) et un lieu élevé dune (9). Ainsi raconte Clitophon dans le 13 e (livre de son traité) des Fondations (des villes). » La lecture de ce document suffit pour en montrer l'im- portance et l'autorité. L'antiquité de l'ouvrage auquel il est emprunté, la précision du texte et le mérite de l'auteur allé- gué, sont des garanties que bien peu d'écrits peuvent offrir au même degré. Ce témoignage remonte à une époque antérieure à l'éta- blissement de la colonie de Plancus, puisqu'il n'en est fait aucune mention ; il précède même toutes les notions recueillies sur notre région par les auteurs romains, comme le prouve la terminaison du nom de la ville exprimée en us (0;), conformément à l'usage grec, au lieu de celle en um adoptée par les écrivains latins. (7) La version Lugdunum au lieu de Lugdunus dans le texte original, n'est pas ici une variante, mais une flexion pour marquer l'accusatif nécessité par la grammaire de l'auteur, comme dans lug uni et iunum, corvum et collent. (8) Il est vraisemblable que l'auteur avait écrit ici lugu, conformé- ment à la forme primitive Lugiidune; mais à l'époque où l'édition que j'ai citée a été publiée, l'orthographe Lugdunum étant seule connue, l'édi- teur aura transcrit Lug au lieu de Lugu. (9) Dune est resté dans notre langue avec le sens qu'indique Clito- phon -, c'est un des rares mots français d'origine incontestablement cel- tique, et il est la preuve de l'exactitude et du savoir de l'historien grec.